Aujourd’hui, je vais vous parler du mot voyage.
C’est un nom masculin.
Du latin « viaticum » (neutre de « viaticus » qui signifie de voyage dérivé de « via » qui signifie route) d’abord provisions de voyage argent pour le voyage puis au figuré ressources, provisions et plus tard voyage.
Le voyage est un déplacement que l’on fait, généralement sur une longue distance, hors de son domicile habituel, en fonction de la nécessité que l’on à se rendre dans un lieu déterminé.
Un voyage en soi
Entreprendre un voyage,
Accueillir l’invitation au voyage.
Voyage dans l’espace, par la terre ou par la mer
Voyage au long-cours ou voyage-éclair.
Continuer le voyage,
Se souhaiter bon voyage.
Voyage au pays des songes dans des rêves de voyage
Voyage dans l’espace et la joie du voyage.
Poursuivre le voyage,
Lire un guide de voyage.
Voyage dans la lune ou voyage orbital
Pour l’amour du voyage un voyage sentimental
Achever le voyage,
Pour faire le récit du voyage.
Les voyages forment la jeunesse ; voyage chamanique
Pour un grand voyage intérieur ou un voyage cosmique.
Et il y a le livre de Jean-Pierre Lledo : « Le Voyage Interdit, Alger-Jérusalem ». L’auteur, de père catholique catalan et de mère juive a fait le choix de rester en Algérie après l’Indépendance. Ce choix ainsi que celui de son engagement communiste ont fini par l’éloigner de son ascendance juive, du sionisme et de l’existence d’Israël.
Il aurait pu maintenir longtemps ces positions. Mais son métier de cinéaste l’a conduit à interroger la guerre d’indépendance et à y apporter des réponses iconoclastes, dans le film : « Algérie, histoires à ne pas dire ». C’est ainsi qu’il franchit le premier pas qui va l’éloigner définitivement de l’Algérie puisque le film y est interdit. Il franchit le deuxième pas en étant sélectionné au festival International du Film de Jérusalem, qui va lui ouvrir les portes d’Israël et lui permettre de revoir et de déconstruire ses préjugés concernant le pays.
Le livre parcourt à la fois la vie du cinéaste et revient sur l’extraordinaire chemin parcouru, une métamorphose. Depuis Alger qu’il choisit et qui plus tard le rejeta violemment, en passant par Paris, vers cette terre Promise que jamais Jean-Pierre Lledo ne s’était promis mais dont il va tomber amoureux en même temps que de celle qui l’enchante de son rire, qui traduit pour lui l’hébreu pendant ses voyage et dont le prénom signifie rayon de soleil, Ziva Postec.
Le récit est attachant, érudit. L’humour et l’amour y circulent avec grâce et profondeur. La langue est une langue poétique, inspirée aussi par l’hébreu, la Torah. La langue acte le passage de l‘inter-diction au dire qui ressource l’auteur et nourrit son lien filial avec Naouel sa fille. Le voyage est double, c’est un voyage à la découverte du pays et un voyage intérieur, vers les racines, vers la famille retrouvée de cet oncle aimé, au cœur des fêtes et des prières.
Le voyage interdit s’est accompli. S’y est déployée l’énergie formidable de Jean-Pierre Lledo toute de bienveillance à autrui, qui a revu sa capacité d’entendement et redéfini la teneur de son rêve. Dévoilant l’image splendide d’un miracle qui permet transcendance de l’être et continuité de chaque jour en même temps que renaissance.
Nicole Squinazi Teboul
Radio Judaica Lyon
Chronique du mercredi 2 décembre 2020