ATTENTATS – Je m’incline devant les nouvelles victimes de l’islamisme international, mais plutôt que de laisser l’émotion ou la colère me submerger, il me semble qu’il est plus urgent de réfléchir.
Je m’incline devant les nouvelles victimes de l’islamisme international, mais plutôt que de laisser l’émotion ou la colère me submerger, il me semble qu’il est plus urgent de réfléchir.
En France, le MPCT, mouvement pour la paix contre le Terrorisme a été pionnier dans la nécessaire lutte contre le terrorisme, mais c’est peu dire qu’il a fallu bien du temps pour qu’il soit entendu. Et encore, je doute fort qu’il l’ait été vraiment, bien que le terrorisme islamique n’ait fait qu’élever la quantité et la qualité de ses nuisances.
En effet, même après les massacres de Janvier, la France, l’Europe et les USA, leurs médias et leurs journalistes ont refusé de voir la réalité: c’est l’islamisme qui tue; l’islamisme est un mouvement international qui pourrait s’imposer dans presque tous les pays musulmans si les élections y étaient libres et si l’armée ne s’y opposait (armées locales ou étrangères); il a partout la même vision totalitaire et la même stratégie violente, quels que soient la diversité de ses mouvements et des appellations; enfin la plate-forme idéologique de tous les mouvements islamistes violents depuis ces quatre dernières décennies n’est rien d’autre que l’islam, d’où précisément lui vient sa force, et sa très large influence. Un islam dont le Président égyptien Al-Sissi appelle avec force la réforme, mais assurément l’islam.
La France modifiera-t-elle sa manière de voir? Je ne le crois pas. La première réaction du président Hollande est de cibler Daech. Mais Daech dont la visée principale est la renaissance du Califat, vœu désiré par la grande majorité des musulmans du monde, n’est que la nouvelle forme de tous ces mouvements aussi meurtriers qu’Al Qaïda, que le GIA algérien, que les Frères musulmans, et que le régime des Ayatollahs inauguré par Khomeiny.
Ce que les Présidents d’Europe et des USA semblent ne pas vouloir comprendre c’est qu’une guerre a été déclarée à la démocratie, depuis longtemps, par l’islamisme mondial, en s’imposant d’abord dans les pays musulmans, ensuite en leur propre sein, en profitant des politiques d’immigration laxistes, et s’appuyant sur les populations musulmanes. S’élever contre Dach et se taire devant le fait que les périphéries de toutes les grandes villes européennes échappent presque totalement à l’autorité centrale, pour n’obéir qu’à de nouvelles autorités, islamiques, est une mascarade.
Le mal est profond. Autant les Etats du monde qui à l’époque se disaient »libres » se mobilisèrent sans arrêt, et notamment sur le front idéologique, contre l’URSS et le »camp socialiste », autant, dès le début de la résurgence du mouvement islamique, il a baissé les bras. Ce moment peut-être daté au carbone 14: c’est lorsque Khomeiny condamna à mort Salman Rushdie et que »l’Occident » accepta la sentence, sans la moindre condamnation à l’ONU. Près de quatre décennies plus tard, les USA signent un Accord incroyable avec le même régime (qui n’en croit pas ses yeux), et la France, n’était-ce cet événement tragique, allait accueillir l’actuel président Rohani, malgré le fait qu’il venait de déclarer Israël illégitime, et ce à la télévision de l’Etat français, sans la moindre réaction du Quai d’Orsay…
Comme la plupart des intellectuels démocrates et persécutés du monde arabe et musulman, j’avoue ne pas arriver à comprendre la logique d’un tel aveuglement et d’une telle lâcheté à l’endroit de l’islamisme. Surtout que s’il est vrai que c’est la gauche politique et intellectuelle qui se fait le héraut d’une telle orientation, on ne peut dire non plus que leurs homologues de droite se soient montrés plus perspicaces et plus courageux.
Ce refus d’aller à la cause vient d’être symboliquement consacré par le Prix littéraire Goncourt attribué à un roman lénifiant sur la concorde Orient-Occident plutôt qu’au roman »2084 » plus que lucide et courageux de l’écrivain algérien, résidant toujours en Algérie, Boualem Sansal, lequel décrit avec précision ce qu’est le totalitarisme islamique.
Ce déni aura comme par le passé une inévitable conséquence: s’en prendre à un bouc émissaire plus faible, le Juif et plus précisément Israël, puisqu’aujourd’hui on ne peut plus être frontalement antisémite… Passés les premiers jours de la commotion, on nous expliquera que le Bataclan était une propriété juive, où s’étaient tenus des galas en faveur d’Israël, où se produisaient des musiciens juifs et israéliens, et où ce jour-là le groupe de rock invité, était allé en Israël cet été, et ce malgré les menaces de BDS, ce mouvement de boycott toléré par l’Europe et les USA. Puis après quelques jours, on ajoutera l’autre refrain : tout cela n’est que l’exportation du conflit israélo-palestinien, qui ne dure que par la volonté d’Israël.
Je ne crois donc pas que cette nouvelle agression de l’islamisme mondial du 13 novembre 2015 dirigé contre la France soit en mesure de provoquer le nécessaire sursaut. Les bien-pensants d’Europe et des USA continueront d’innocenter l’islamisme et de charger Israël. Ils continueront à professer qu’il y a un »mauvais terrorisme » (celui qui touche les non-juifs d’Occident) et un bon terrorisme libérateur, celui des Palestiniens, qui hier assassinaient les athlètes israéliens en plein Munich et aujourd’hui font la chasse aux Juifs dans les rues et sur les routes d’Israël, sans que leurs dirigeants, d’Abbas aux Hamas, ne soient condamnés, et ce tandis que leurs instances politiques et médiatiques encouragent »l’intifada des couteaux » et font de leurs terroristes tués des héros et des »chouhada » (martyrs).
Le mal est profond et peut-être peut-on en situer une des origines dans le traitement par la gauche française de la guerre d’Algérie. Plutôt que Camus, qui condamna très fermement le terrorisme, lui qui avait été un résistant contre les nazis, cette gauche préféra suivre Sartre, lui qui s’était terré face aux nazis. Dans sa préface des »Damnés de la terre » de Frantz Fanon, on pouvait lire : »Abattre un Européen, c´est faire d´une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé: restent un homme mort et un homme libre ». Et aujourd’hui, l’historiographie dominante de la guerre d’Algérie, guidée par l’historien officiel du parti et de l’Etat socialiste français, Benjamin Stora, continue de surfer sur cette vision sartienne. Ainsi cet »historien » pourtant très prolixe, n’écrira rien de la journée la plus sanglante de la guerre lorsque près d’un millier de chrétiens et de juifs furent assassinés, le jour même de l’indépendance, le 5 Juillet 1962… Ainsi on jettera un voile pudique sur les méthodes d’extermination du FLN très proches de celles du Dach (décapitations et autres mutilations du nez et d’autres membres), que ce soit contre les non-musulmans ou contre les musulmans réfractaires, avec la même conséquence: chasser toute la population non-musulmane et tous les opposants musulmans.
La guerre de »libération » en Algérie n’avait fait que masquer une guerre d’épuration ethno-religieuse et tant que la France refoulera cette réalité, elle se trouvera impuissante à traiter la résurgence, sous d’autres formes, des pratiques du FLN algérien.
Je ne crois pas que l’Europe et les USA dont les universités fonctionnent encore avec les concepts fanoniens soient en mesure d’entreprendre cette grande révolution culturelle qui les libèrerait de leur pleutrerie et qui leur permettrait d’appeler un chat, un chat, et un totalitaire, un totalitaire, uniquement à partir des moyens utilisés.
Après ce que l’on sait du communisme, on ne peut plus dire que l’on puisse contribuer à la libération d’un peuple par les méthodes utilisées hier par le FLN et aujourd’hui par le Dach ou encore par les Palestiniens. La preuve est confirmée par ce qu’est devenue l’Algérie, entrée en dictature dès sa »libération », dictature dont elle n’est toujours pas sortie, et par ce que sont les dirigeants palestiniens, déjà dictatoriaux et déjà très corrompus.
Tant que la production des nouvelles idées sera sous la coupe de cette intelligentsia indigente, proches de Sartre et vouant aux gémonies Camus, les peuples européens auront à souffrir.
Comme par le passé, ils trouveront des boucs émissaires et comme par le passé ce seront des Juifs. Ces derniers ne devraient se faire aucune illusion à ce sujet.
Mais comme par le passé, ils s’en feront.