« SON PERE CRACHE » & « ENTRE LA VIE ET LA MORT » 26′ X 2

1991
00:53:45

Ces deux courts-métrages font partie d’une Trilogie sur l’imaginaire lié à la naissance, en terre d’islam, ici l’Algérie. Le 3eme fim est le moyen metrage  »Les Ancetres ».
Tournés en 1991.

 

Trilogie sur l’imaginaire, au travers de la problématique de la naissance. En partant de l’idée qu’un enfant existe déjà avant sa naissance, nous partons en quête des traces de la permanence de l’imaginaire traditionnel, notamment dans le rapport aux femmes… D’Alger vers le Sud, la ville-Oasis de Timimoun et sa région, en passant par les montagnes de Kabylie…

Son père craché (26 mn) : Que se passe-t-il quand une mère désire son enfant…
Entre la Vie et la Mort (26 mn) : Que se passe-t-il quand une mère ne désire pas l’enfant à naitre…
Les Ancêtres (52 mn) : Film ethnographique pour observer de quelle manière l’enfant à naitre est porté par la culture traditionnelle, avec ce que cela suppose d’enchainement pour les parents…
Grand Prix du festival international du Film Scientifique d’Alger, en 93.
Scénario, réalisation et Commentaires : Jean-Pierre Lledo ; 1ère assistante : Farida Benlamara. Interviewes : Farida Benlamara et Malika Bouchlaghem
Caméra : Naima Khaddache ; Son : Hocine Boudjemaa ; Montage : Kader Naït-Djoudi ; Production : Baaziz Zerari ; Commentaires dits par Abdelkrim Sekkar ;

Histoire de ce film

Après “La mer est bleue, le ciel aussi” (exploration de l’autisme), qui, après deux années de censure, venait d’être programmé par la TV, le 1er juin 1992, grâce à l’arrivée d’un nouveau DG placé par le Président Boudiaf (assassiné un mois plus tard) j’eus envie de faire un film sur la psychanalyse, plus précisément sur la réalité de l’imaginaire (dimension suspecte aux yeux des pouvoirs publics), et sur les fonctionnements de l’inconscient.
La chose n’étant pas très simple, surtout qu’à cette époque la psychanalyse est une discipline quasi-inexistante en Algérie, je me propose de réaliser une dizaine de courts-métrage, qui chacun dévoilerait la nature de l’inconscient que l’on peut capter et/où deviner, dans le lien à l’autre (l’orateur face à son public, le comédien face aux spectateurs, l’ouvrier face au pilon de la sidérurgie, etc…) et la capacité du langage à transformer ce lien, à l’accepter, voire le sublimer… Ainsi préparée, cette série aurait pu servir de matière pour un débat à la TV, avec la participation des rares psychanalystes de cette époque…
Je commençais cette série par une Trilogie sur l’imaginaire lié à l’enfant à naitre. Mais l’islamisme qui allait faire basculer l’Algérie dans un paroxysme de violence, me poussa à l’exil, et interrompit mon ambitieux projet. Le tournage de ces 3 films, bien que réalisé avec une très mauvais équipe technique, me procura cependant un grand plaisir : je découvrai cette Algérie profonde, que la plupart des politiciens ignoraient ou en tous cas dont ils ne voulaient pas tenir compte. Durant ces quelques semaines, j’en appris beaucoup plus sur la société algérienne qu’en trente ans de militantisme communiste.
A commencer par le racisme anti-noir dont je n’avais pas eu idée jusque-là. Dans le Sud, Moulay, l’ami et le guide de tous les anthropologues algériens, et pourtant simple concierge d’école, fut l’objet de diverses humiliations des techniciens de mon équipe (techniciens non-choisis, mais imposés par l’entreprise nationale de production), et il ne l’endura que parce que je lui avais été recommandé : ‘’Tu comprends Jean-Pierre, que lorsqu’on va en Europe, on préfère les vols directs sans escale à Alger…’’ , me dit-il à la fin…
En Kabylie, les jeunes du village du grand chanteur Ait Menguelet, me firent comprendre, qu’ils n’avaient toujours pas le choix de l’épouse, déjà promise depuis leur enfance… Et lorsque dans une Polyclinique d’Alger, je rencontrais un couple de Kabyles heureux, dont le mari avait plus de 60 ans, et la femme la trentaine, entouré de leurs 3 enfants et d’un enfant à naitre, j’en compris la raison : il fallait arriver à l’âge d’être grand-père pour pouvoir choisir sa femme…