2 courts-métrage sur l’œuvre (“MÉRIDIEN O”) et le peintre (“LES CASBAH NE S’ASSIEGENT PAS ”).
30 mn et 26 mn, couleur, 35 mm. Production CAAIC.
Le premier film, “LES CASBAH NE S’ASSIEGENT PAS” a été diffusé à la TV, à sa mort, en 1991.
Mohammed Khadda
La réalisation
Dans les deux cas, j’ai réalisé deux films correspondant à la vie et l’œuvre.
Vie: “Méridien Zéro” (M.Khadda) et “Jonction” (D.Martinez)
Œuvre: “Les Casbahs ne s’assiègent pas” (M.K) et “Renaissance” (D.M)
Dans les deux cas, j’ai “profité” d’une Rétrospective organisée par le Musée National des Beaux-Arts: 30 ans de peinture pour Khadda et 25 pour Martinez. Ce qui me permettait d’avoir accès à la quasi-totalité de leurs œuvres.
A cette époque, il n’existait pas un seul livre de présentation de leur peinture ! Et ces films avaient donc pour “ambition” première de porter un regard personnel sur l’ensemble de l’œuvre de ces deux artistes-peintres.
A partir de cette intention initiale, j’ai été rapidement fasciné par la permanence d’un conflit majeur, évoluant à partir d’éléments constants, d’année en année, comme si leurs œuvres à tous deux obéissaient à une sorte de loi dramaturgique dont eux-mêmes ne pouvaient avoir conscience….
Les peintres pouvaient pouvaient se rappeler avoir peint telle ou telle toile dans tel ou tel contexte précis, pour surmonter telle ou telle crise intérieure, il n’en demeurait pas moins, à l’évidence, qu’au travers de la contigüité historique des toiles, apparaissait une trame dramatique fondée sur l’opposition de deux éléments-clés.
Pour Khadda, il m’apparut que c’était la terre et l’eau et la fonction de la calligraphie, très présente, pouvant être de représenter les racines qui résistent à l’érosion….
Pour Martinez, l’homme et son environnement. La figure de l’homme est omniprésente, il s’agirait d’ailleurs plutôt d’un squelette – prolongement des Totems de ses débuts. Et l’environnement, lui, se modifie, avec des signes plongeant dans le patrimoine culturel africain, berbère, maghrébin, andalou.
Cette ligne dramatique, enfouie dans la matérialité de leurs œuvres comme l’inconscient dans le quotidien, que je leur révélai, les surprit tous deux, mais je n’essuyai aucune objection de leur part…..
Mes films ne constituent donc pas une analyse plastique de leurs œuvres, mais plutôt une sorte d’essai pour révéler leur univers fantasmatique.
L’identité était la source majeure d’inspiration des deux peintres. Et si tous deux rejetaient le figuratif, l’orientalisme, et le réalisme naïf de certains peintres algériens, leurs styles étaient très différents. Khadda se réclamait de l’abstrait et Martinez était manifestement expressionniste. Ce qui dans les deux cas n’était pas dans le goût des autorités.
Khadda affirmait une connexion avec l’art islamique, abstrait, et Martinez avec l’art africain et berbère (animateur du Mouvement Aouchem). J’ai cependant toujours été étonné, surtout dans le cas de Khadda plus âgé, que ni l’un ni l’autre ne dise leur dette vis à vis des très nombreux peintres européens des années 50, eux aussi non figuratifs…
Khadda n’a pas fait école. Par contre Martinez, prof à l’Ecole des Beaux-Arts d’Alger jusqu’en 1993 a eu une grosse influence sur les jeunes générations.
http://www.limag.refer.org/Peintures/Khadda/CatalogueExpoLyon2008.pdf
http://chroniquesalgeriennes.unblog.fr/2015/12/07/peintres-algeriens-9-denis-martinez/
2 – Sort de ces films.
Quand je finis le montage des films sur Khadda, le directeur Aissaoui de l’unité documentaire (ENPA) voulut me faire modifier 12 passages ! Une véritable censure. La peinture de Khadda était abstraite mais il crut discerner dans un tableau une faucille et un marteau ! De plus, comme j’avais établi une sorte de périodisation sur la trentaine d’années de travail, Aissaoui crut que les dates choisies l’avaient été pour évoquer des dates politiques conflictuelles (coup d’Etat de 65, rebellion de Tahar Zbiri en 67, etc…) !!!
Les films sur Martinez par contre ne me causèrent aucun souci… Si ce n’est que lorsque ‘’Jonction‘’ reçut le Tanit d’Or au Festival de Carthage à Tunis, je n’avais pas été inclus dans la délégation algérienne, et je ne vis jamais la couleur de l’enveloppe correspondant à ce prix, malgré mes diverses réclamations auprès du ministère de la culture tunisien.
Ces films tournés sur pellicule 35 mm, en couleur, et produit par l’unique entreprise nationale de cinéma, montrés dans les réseaux de la cinémathèque algérienne, et une seule fois à la TV, pour les deux peintres, (un film seulement, celui sur l’artiste) n’ont jamais été dupliqués sur DVD et je n’en ai plus aucune trace donc.