CHRONIQUES ALGERIENNES

1994
00:51:35

Chronique de femmes et d’hommes, qui soit par leur courage, soit par leur dignité, soit plus simplement par instinct de vie, refusent de se soumettre à la logique de mort de l’intégrisme.

Tourné, dans différentes régions d’Algérie, en caméra cachée pour les extérieurs, du 15 Juin au 8 juillet 1994.
Sorti sur Planete en 1995, puis sur TV5.

Chronicle of women and men, either by their courage, their dignity, or simply by instinct of life, refuse to submit to the logic of death of fundamentalism.
Filmed in different regions of Algeria, at the time of the greatest Islamist terror, hidden camera for exteriors, from June 15 to July 8, 1994.
Released on Planete in December 1994, then on TV5.

Obligé de fuir d’Alger en 1993 les menaces de mort des islamistes, l’auteur revient en Algérie une année plus tard, au moment le plus fort du terrorisme islamiste du FIS-GIA.
Caméra au poing, cachée pour les extérieurs, il recueille durant trois semaines, d’Est en Ouest, les témoignages de femmes et d’hommes, qui soit par leur courage, soit par leur dignité, soit plus simplement par instinct de vie, refusent de se soumettre à la logique de mort de l’intégrisme, en continuant de travailler, d’écrire, de chanter…

Malgré la mort quotidienne, l’horreur, souvent la barbarie, l’Algérie n’a pas sombré dans le chaos.

Malgré les diktats intégristes et les menaces de mort, les icendies d’usines et d’écoles, on y continue de travailler, d’étudier, de chanter, de danser, de se baigner, de s’habiller librement, d’aimer.

C’est dans ce refus massif de la mort et de la destruction que s’exprime fortement, quotidiennement une volonté inédite des citoyens algériens et surtout des citoyennes de ne plus accepter la moindre atteinte à leurs libertés individuelles.

Les bulletins d’information plus familiers avec la mort qu’avec la vie n’en rendent compte que très rarement.

C’est pour tenter de combler ce déficit que j’ai eu envie de faire ces Chroniques et de retourner avec deux amis en Algérie, malgré les risques encourus, ayant dû personnellement m’exiler depuis une année pour avoir figuré parmi les premières cibles à abattre.

Peut-être aussi pour avoir moins de douleur à porter le deuil de mes si nombreux amis assassinés, Asselah, Alloula, Djaout, Belkhenchir et beaucoup d’autres.

Ma volonté de témoigner sur celles et ceux qui refusent de courber l’échine m’a également poussé à refuser la très forte sollicitation du diffuseur-co-producteur de finir le Film avec la marche du 29 Mai où les manifestants résistèrent aux bombes.

Je préfèrais finir avec de simples Oranais à l’assaut des plages, les paroles osées de Zahouania au coeur.
Je préfèrais finir avec la patience de deux très jeunes auto-stoppeurs, encore plus grande que l’indifférence des automobilistes.

Le film est dédié ‘’à ceux qui sont morts et à ceux qui vivent, comme à ceux qui ont eu le courage de témoigner… pour la liberté’’.

FICHE ARTISTIQUE ET TECHNIQUE

Filmé et réalisé par Jean-Pierre Lledo.
Moyen Métrage. 52 mn, couleur, tourné en caméra cachée en vidéo H8.
Produit par Audience Productions.
Production / Diffusion : Audience production, Rafael Production, Planète,
Participation : CNC, SCAM – Brouillon d’un rêve
Acquis par Naouel films.
Diffusé la 1ere fois en Décembre 94, sur la chaîne câblée Planète.
Festival International du Documentaire “Vues sur les Docs” à Marseille, en Juin 95.

Scénario & Réalisation & Image & Son : Jean-Pierre Lledo.
Pour des raisons de sécurité, et bien que vivant à Paris, les deux Algériens qui ont fait quelques prises de vue dans le Sud et à Alger, ont préféré apparaître au générique sous des pseudonymes tandis que le monteur, Algérien aussi, a demandé, lui, à ne pas apparaître du tout.
Chant : Zahouania
Produit par Henri Jacob. Producteur délégué : Jacques Gary.