La « question juive », en ALGÉRIE, aujourd’hui (et hier)…

Le sujet y est plutôt tabou. Le dis- cours dominant plutôt celui de la déné- gation. On n’a rien contre les Juifs, tout contre le sionisme. La preuve ? Les Juifs dans le mouvement indépendantiste. Et si les Juifs sont partis, c’est la consé- quence du décret Crémieux, lequel en leur attribuant en 1870 la nationalité fran- çaise, les a, en les distinguant, séparés de nous, les autres « indigènes ». Les choses sont en réalité, comme on peut s’en douter, plus compliquées, surtout plus ambivalentes.
Il me faut cependant immédiatement préciser que, n’étant pas historien, mon regard sera marqué par ma propre biographie dont il me faut livrer d’emblée quelques éléments. Cinéaste algérien, ayant pris part à tous les mouvements de Jean Pierre Lledo CONTROVERSES  N°12 contestation, je n’ai quitté mon pays que suite à l’intellectocide islamiste des années 90. Citoyen algérien mais non-musulman, ce qui est extrêmement rare, je n’ai obtenu la nationalité algérienne, accordée automatiquement aux seuls musulmans, qu’après d’énormes difficultés. Mon père lui-même engagé dans la lutte pour l’indépendance, en accord avec ses convictions communistes dut la demander. D’origine espagnole, il était issu d’une famille intégrée à l’Algérie depuis plus d’un siècle. Quant à ma mère, Attia de son nom, son autochtonie juive remonte à au moins deux millénaires en terre berbère. Son oncle et son cousin, Braham et Moïse Dray, furent des musiciens du très célèbre orchestre andalou de Tlemcen dirigé par Cheïkh Larbi Ben Sari, qui mourut centenaire en 1964.

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