La pensée manichéenne de Frantz Fanon a donné une sorte d’assise et de légitimation théorique au nationalisme algérien. Cette pensée, à l’instar de celle d’Edward Said, domine encore le paysage intellectuel dans les universités d’Amérique du Nord. Cette pensée ignore totalement les aliénations autochtones qui font qu’un demi-siècle après l’indépendance, les Algériens, loin d’être arrivés à s’en défaire, ont en majorité sombré dans le totalitarisme islamique, seule l’armée ayant pu empêcher jusqu‘ici l’avènement d’un Etat de type iranien.
Frantz Fanon
Pour la révolution africaine. Écrits politiques, Paris Maspero 1982
Tout Français en Algérie doit se comporter en tortionnaire. (Frantz Fanon, Pour la révolution africaine, p. 67)
Le statut de l’étranger, du conquérant, du Français en Algérie, est un statut d’oppresseur. Le Français en Algérie ne peut être neutre ou innocent. Tout Français en Algérie opprime, méprise, domine. […].
Le colonialisme n’est pas un type de relations individuelles mais la conquête d’un territoire national et l’oppression d’un peuple ; c’est tout. Ça n’est pas une certaine conduite humaine ou une modalité de rapports entre individus. Tout Français en Algérie actuellement [déc. 1957] est un soldat ennemi. (Frantz Fanon, Pour la révolution africaine, p. 77)
L’évocation de cas particuliers de Français anormalement gentils avec les Algériens ne modifie pas la nature des relations entre un groupe étranger qui s’est accaparé les attributs de la souveraineté nationale et le peuple qui se trouve privé de l’exercice du pouvoir. Aucune relation personnelle ne peut contredire cette donnée fondamentale : que la nation française par l’intermédiaire de ses ressortissants s’oppose à l’existence de la nation algérienne. (Frantz Fanon, Pour la révolution africaine, p. 78)
Il faut se convaincre que tout Français en Algérie réagit comme M. Borgeaud. (Frantz Fanon, Pour la révolution africaine, p. 79)
Fanon parle du « caractère total de la guerre » (p. 82)
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Dans la préface à son livre ‘’Les Damnés de la Terre’’, on peut lire sous la plume de Jean-Paul Sartre :
« Car, en le premier temps de la révolte, il faut tuer : abattre un Européen c’est faire d’une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme libre ; le survivant, pour la première fois, sent un sol national sous la plante de ses pieds3. »